Entzheim 67960
Solutions numériques
En 2018, Enis Muslic fête ses vingt ans chez Quonex (ex-Alsatel), entreprise d’intégration de solutions numériques implantée dans le Nord-Est de la France. Après ses débuts en alternance, il y a grimpé les échelons jusqu’à devenir directeur commercial. Mais au bout de ce parcours sans encombre, son destin professionnel prend un tout autre tournant : il décide avec des collègues de reprendre leur entreprise en SCOP (société coopérative ouvrière de production). Une nouvelle aventure entrepreneuriale s’ouvre alors…
Genèse d’une décision audacieuse
Quonex connaît, en effet, des difficultés depuis quelques années. En 2006, la famille des fondateurs vend à un grand groupe dont les investissements sont freinés par la crise de 2008.
Dix ans plus tard, l’entreprise est cédée à un fonds d’investissement qui fait des choix structurels alourdissant les charges. Résultat : Quonex, qui compte 118 salariés en 2018, n’atteint plus la rentabilité. Elle est mise en redressement.
« C’était d’autant plus frustrant qu’on avait de bons résultats, un marché en pleine évolution, une équipe solide et des clients qui étaient prêts à nous suivre. » Enis rassemble alors une quinzaine de ses collègues pour partager cette idée : « Et si on reprenait en SCOP pour créer une entreprise qui appartienne à tout le monde ? »
Un parcours fait de ténacité
Pour monter leur dossier, ils sont soutenus par l’Union Régionale des SCOP. Mais ils sont vite prévenus : ils n’ont aucune chance de voir leur projet sélectionné si d’autres dossiers sont déposés. Enis ne se laisse pas décourager et part à la rencontre des repreneurs intéressés par la reprise. « En leur démontrant notre volonté, tout le monde s’est retiré. Sauf un groupe qui proposait de ne reprendre que 20 collaborateurs. Après coup, il n’a finalement pas poursuivi. » La voie était donc libre pour leur projet qui prévoyait, lui, la reprise de 47 personnes.
« Quand le tribunal a appelé pour dire : “c’est bon, maintenant il faut y aller”, c’était magnifique mais on savait aussi que le chemin allait être compliqué. » Premier défi : trouver des financements, car 450 000 euros devaient être déposés le jour de l’audience. France Active Alsace décide de les soutenir à hauteur de 200 000 euros ainsi que le Crédit Coopératif.
« C’était un vrai gage de confiance, indispensable pour commencer à verser les salaires et attendre les premiers paiements des clients qui sont venus très vite. »
Prêts à se tourner vers l’avenir et à durer
Un an après, le bilan est positif. L’équipe compte désormais 58 personnes et de nouveaux postes sont à pourvoir. « Notre secteur peine parfois à recruter. Pourtant, des personnes postulent chez nous spontanément car elles sont en recherche de ces valeurs collaboratives, solidaires et durables qui sont les nôtres avec la SCOP. D’ailleurs, nous proposons à tous les salariés de devenir associés au bout d’un an. »
Parallèlement, les résultats sont au rendez-vous. Ce qui rend possible de nouveaux projets, comme acheter le bâtiment dont ils sont locataires ou lancer de nouvelles solutions destinées aux petites entreprises pour les accompagner dans leur transition numérique. « Pour ces étapes-là aussi, nous savons que nous pourrons compter sur le soutien de France Active Alsace. »
Pour conclure, Enis sait que ce parcours pourra servir d’exemple : « Si je pouvais donner un conseil aux salariés qui se trouvent dans la même situation que nous il y a un an et demi, je leur dirais qu’il faut y croire. La SCOP est un modèle entrepreneurial crédible. Nous pouvons en témoigner. »